Documents

Présentation complète de la séance

Propriétés du foncier dans les espaces ruraux bourguignons : communs, usages et exclusivité du Moyen Âge à l’époque moderne.

Si les mots d’écologie, de transition font partie aujourd’hui de notre environnement médiatique, un constat demeure : le productivisme agricole et la concentration foncière sur le mode de la propriété privée s’amplifient. Le maillage parcellaire s’élargie, les cultures se standardisent sur fond de dépeuplement des campagnes. L’ère du Capitalocène étend ses espaces dédiés aux consommateurs au détriment des productions localisées et diversifiées. Face à ces enjeux, sur fond de réchauffement climatique, les communs refont surface au sein d’une frange de la société civile. Dans la recherche française, les sciences sociales et économiques se sont emparées de la question il y a quelques années. De leur côté, les historiens, notamment ceux qui remontent le temps jusqu’au Moyen Âge, sont relativement restés en marge de cet engouement scientifique et sociétal. Pourtant, l’histoire pourrait trouver là, une nouvelle fois, un de ses rôles fondamentaux : offrir des perspectives, des pistes de réflexion et d’application, en rendant perceptible des problématiques passées.

Qu’en est-il du sujet des communs au Moyen Âge et au cours de l’époque moderne ?

Aborder cette question implique de s’extraire de nos schémas relatifs à la propriété privée exclusive ou aux partitions comme « homme-nature », « agriculture-forêt ». En effet, avant le XVIIIe siècle, les campagnes – qui constituent alors le socle écrasant du peuplement bien devant les villes- fourmillaient d’une multitude de statuts juridiques encadrant le foncier allant du privé au commun, de l’exclusivité à l’usage. Et ce, quel que soit la localité ou la nature des terrains : landes, terres arables, prés, forêts, vignes etc. Ainsi a-t-on pu entendre à travers le récit des anciens que les troupeaux pâturaient naguère les forêts, qu’on y trouvait aussi du bois mort pour se chauffer ou construire des clôtures temporaires autour des champs. Face à des accaparements ou des restrictions dès le Moyen Âge, les usages collectifs cristallisent bien souvent des conflits que certains textes nous laissent entrevoir. Progressivement, la seigneurie, la bourgeoisie montante et l’État royal abrogent des droits d’usage, obtiennent leur déguerpissement et l’exclusivité de certaines parcelles. Cette lente évolution annonce les mutations importantes connues depuis la Révolution française dans la mise en place d’un système juridique normalisé à l’échelle de l’État. Système juridique qui va faciliter la concentration du capital ; concentration du capital qui dépoussière aujourd’hui de vieux débats…